Pourquoi avoir choisi de porter un centre de ressources territorial ?
Sylvain Connangle : Cela fait déjà plusieurs années que l’EHPAD La Madeleine multiplie les initiatives à destination des seniors du territoire, avec par exemple la création d’une Maison pour l'autonomie et l'intégration des malades d'Alzheimer (MAIA), d’un accueil de jour et de nuit, d’une plateforme d'accompagnement de répit, d’un accueil de jour itinérant, d’une offre d’hébergement temporaire… Disposant déjà d’un centre de ressources en interne, il nous a semblé légitime de postuler avec les acteurs du territoire pour créer un centre de ressources territorial. Nous avons donc candidaté à l’appel à projets publié par l’ARS Nouvelle-Aquitaine en 2022, et avons été retenus aux côtés de 10 autres EHPAD et de 3 de SSIAD. Nous bénéficions ainsi d’un financement ad hoc de 400 000 € et de 30 places supplémentaires « hors les murs », ce qui nous permet d’ailleurs de renforcer encore notre positionnement territorial dans le développement de services destinés au grand âge.
Quels sont, plus concrètement, les champs d’action du CRT ?
Rabia Alami : Les missions du CRT s’articulent autour de deux volets principaux, l’un portant sur la prévention, et l’autre sur l'accompagnement des personnes à domicile. Ce deuxième point se concentre aujourd’hui sur 30 personnes déjà suivies et accompagnées à domicile dans le cadre des dispositifs « classiques ». Le CRT vient ici en renfort, mobilisant tous les partenaires du territoire – des établissements de santé aux services de soins à domicile, en passant par le dispositif d’appui à la coordination ou des systèmes de téléassistance.
Quels sont les profils présents au sein de l’équipe ?
Rabia Alami : Le CRT dispose d’une équipe mobile composée d'ergothérapeutes, de psychologues, d’une coordinatrice des soins, de médecins coordonnateurs, d’assistantes sociales, d’une assistante administrative et d’une animatrice numérique. Tous ces professionnels n’y exercent pas à temps plein, mais ils interviennent lorsque cela est nécessaire pour répondre aux besoins de la personne accompagnée et éviter qu’elle ne soit admise en EHPAD de manière prématurée.
Quid du premier volet d’actions, dédié à la prévention ?
Rabia Alami : Il est beaucoup plus vaste, et se subdivise lui-même en trois axes selon le profil des bénéficiaires : les aidants, via notamment des groupes de parole et des actions thérapeutiques ; les personnes de plus de 55 ans, avec ou sans pathologie ; et les professionnels intervenant auprès des personnes âgées, par le biais de réunions de soutien, de réunions de concertation, de formations, d’actions de sensibilisation thématiques…
Quels sont, à votre sens, les avantages qu’un tel projet soit porté par un EHPAD ?
Sylvain Connangle : Ce type de projet s’inscrit totalement dans une logique de transformation de l’offre de service des EHPAD qui, de plus en plus, « sortent des murs ». Notre établissement, par exemple, est habitué à travailler avec les différents acteurs du territoire, ce qui le rend légitime pour porter un CRT et faire le lien, demain, entre la limite du domicile et l'entrée en institution. Cette vision peut laisser croire que le CRT serait l’antichambre de l’EHPAD. Mais il n’en est rien, bien au contraire. C’est l’EHPAD qui est porteur du projet car son expertise, en termes d'accompagnement médico-social, est utile. Et c’est justement cette expertise qui lui permet d’apporter une réponse adaptée aux personnes accompagnées par le CRT, même si leurs besoins sont différents de ceux des résidents. À titre d’exemple, aucune des personnes suivies par notre CRT n’est encore entrée en EHPAD, preuve, s’il en est, que nous sommes légitimes dans ce rôle.
Le CRT n’est-il pas perçu comme un concurrent par les structures d’accompagnement à domicile ?
Rabia Alami : Non, car le projet a été pensé avec tous les acteurs du territoire, y compris ceux de l’accompagnement à domicile – que nous connaissons d’ailleurs bien. Dès l’écriture du projet, nous avons ainsi créé des groupes de travail pour co-construire les outils opérationnels. Aujourd’hui encore, les partenaires sont présents lors des choix importants, et notamment lors des commissions d’admission.
Après un peu plus d’un an de fonctionnement, comment sont reçues les actions du CRT ?
Sylvain Connangle : Nous avons déjà eu plusieurs retours de la part des acteurs territoriaux, et notamment de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Bergeracois, des médecins traitants et des services d’aide à domicile. Et ils sont positifs : les actions de coordination et d’accompagnement se passent globalement bien. Au niveau financier, je tiens à signaler que, bien que nous disposions, pour ce projet, d’un budget qui peut sembler conséquent, celui-ci est adapté mais nécessite néanmoins une gestion attentive pour déployer les différentes missions du CRT.
Quels sont, pour vous, les prérequis à la création d’un CRT par un EHPAD ?
Rabia Alami : Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir ce que nous aurions pu mieux faire. Néanmoins, comme nous l’avons déjà évoqué, le travail avec les partenaires, la prise en compte de leurs remarques et de leur expertise du domicile ont été essentiels pour bien démarrer le projet et embarquer tout le monde dans sa dynamique.
Sylvain Connangle : D’autres points sont à mon sens essentiels, comme la bonne entente entre le chef du projet et son porteur, mais aussi le ciblage correct des actions du CRT pour notamment faciliter le travail commun avec le Dispositif d’appui à la coordination (DAC), qui est nécessairement l’un des partenaires du Centre.
Quels sont les projets du CRT pour les prochains mois, voire années ?
Sylvain Connangle : Le premier axe de travail est évidemment de continuer à installer le CRT dans le paysage territorial avec, pourquoi pas, un élargissement de son champ au-delà des 30 personnes actuellement accompagnées, ou un renforcement de son équipe suivant les besoins. À l’avenir je souhaiterais aussi pouvoir ouvrir le CRT au secteur du handicap. Cette idée n’en est qu’au stade théorique, mais une telle diversification aurait du sens, eu égard à notre expertise pour apporter un accompagnement adapté. Cela s’inscrirait aussi dans la volonté de notre équipe d’être toujours plus innovante pour apporter de nouveaux services aux habitants et aux acteurs du territoire.
> Article paru dans Ehpadia #37, édition d'octobre 2024, à lire ici
Sylvain Connangle : Cela fait déjà plusieurs années que l’EHPAD La Madeleine multiplie les initiatives à destination des seniors du territoire, avec par exemple la création d’une Maison pour l'autonomie et l'intégration des malades d'Alzheimer (MAIA), d’un accueil de jour et de nuit, d’une plateforme d'accompagnement de répit, d’un accueil de jour itinérant, d’une offre d’hébergement temporaire… Disposant déjà d’un centre de ressources en interne, il nous a semblé légitime de postuler avec les acteurs du territoire pour créer un centre de ressources territorial. Nous avons donc candidaté à l’appel à projets publié par l’ARS Nouvelle-Aquitaine en 2022, et avons été retenus aux côtés de 10 autres EHPAD et de 3 de SSIAD. Nous bénéficions ainsi d’un financement ad hoc de 400 000 € et de 30 places supplémentaires « hors les murs », ce qui nous permet d’ailleurs de renforcer encore notre positionnement territorial dans le développement de services destinés au grand âge.
Quels sont, plus concrètement, les champs d’action du CRT ?
Rabia Alami : Les missions du CRT s’articulent autour de deux volets principaux, l’un portant sur la prévention, et l’autre sur l'accompagnement des personnes à domicile. Ce deuxième point se concentre aujourd’hui sur 30 personnes déjà suivies et accompagnées à domicile dans le cadre des dispositifs « classiques ». Le CRT vient ici en renfort, mobilisant tous les partenaires du territoire – des établissements de santé aux services de soins à domicile, en passant par le dispositif d’appui à la coordination ou des systèmes de téléassistance.
Quels sont les profils présents au sein de l’équipe ?
Rabia Alami : Le CRT dispose d’une équipe mobile composée d'ergothérapeutes, de psychologues, d’une coordinatrice des soins, de médecins coordonnateurs, d’assistantes sociales, d’une assistante administrative et d’une animatrice numérique. Tous ces professionnels n’y exercent pas à temps plein, mais ils interviennent lorsque cela est nécessaire pour répondre aux besoins de la personne accompagnée et éviter qu’elle ne soit admise en EHPAD de manière prématurée.
Quid du premier volet d’actions, dédié à la prévention ?
Rabia Alami : Il est beaucoup plus vaste, et se subdivise lui-même en trois axes selon le profil des bénéficiaires : les aidants, via notamment des groupes de parole et des actions thérapeutiques ; les personnes de plus de 55 ans, avec ou sans pathologie ; et les professionnels intervenant auprès des personnes âgées, par le biais de réunions de soutien, de réunions de concertation, de formations, d’actions de sensibilisation thématiques…
Quels sont, à votre sens, les avantages qu’un tel projet soit porté par un EHPAD ?
Sylvain Connangle : Ce type de projet s’inscrit totalement dans une logique de transformation de l’offre de service des EHPAD qui, de plus en plus, « sortent des murs ». Notre établissement, par exemple, est habitué à travailler avec les différents acteurs du territoire, ce qui le rend légitime pour porter un CRT et faire le lien, demain, entre la limite du domicile et l'entrée en institution. Cette vision peut laisser croire que le CRT serait l’antichambre de l’EHPAD. Mais il n’en est rien, bien au contraire. C’est l’EHPAD qui est porteur du projet car son expertise, en termes d'accompagnement médico-social, est utile. Et c’est justement cette expertise qui lui permet d’apporter une réponse adaptée aux personnes accompagnées par le CRT, même si leurs besoins sont différents de ceux des résidents. À titre d’exemple, aucune des personnes suivies par notre CRT n’est encore entrée en EHPAD, preuve, s’il en est, que nous sommes légitimes dans ce rôle.
Le CRT n’est-il pas perçu comme un concurrent par les structures d’accompagnement à domicile ?
Rabia Alami : Non, car le projet a été pensé avec tous les acteurs du territoire, y compris ceux de l’accompagnement à domicile – que nous connaissons d’ailleurs bien. Dès l’écriture du projet, nous avons ainsi créé des groupes de travail pour co-construire les outils opérationnels. Aujourd’hui encore, les partenaires sont présents lors des choix importants, et notamment lors des commissions d’admission.
Après un peu plus d’un an de fonctionnement, comment sont reçues les actions du CRT ?
Sylvain Connangle : Nous avons déjà eu plusieurs retours de la part des acteurs territoriaux, et notamment de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Bergeracois, des médecins traitants et des services d’aide à domicile. Et ils sont positifs : les actions de coordination et d’accompagnement se passent globalement bien. Au niveau financier, je tiens à signaler que, bien que nous disposions, pour ce projet, d’un budget qui peut sembler conséquent, celui-ci est adapté mais nécessite néanmoins une gestion attentive pour déployer les différentes missions du CRT.
Quels sont, pour vous, les prérequis à la création d’un CRT par un EHPAD ?
Rabia Alami : Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir ce que nous aurions pu mieux faire. Néanmoins, comme nous l’avons déjà évoqué, le travail avec les partenaires, la prise en compte de leurs remarques et de leur expertise du domicile ont été essentiels pour bien démarrer le projet et embarquer tout le monde dans sa dynamique.
Sylvain Connangle : D’autres points sont à mon sens essentiels, comme la bonne entente entre le chef du projet et son porteur, mais aussi le ciblage correct des actions du CRT pour notamment faciliter le travail commun avec le Dispositif d’appui à la coordination (DAC), qui est nécessairement l’un des partenaires du Centre.
Quels sont les projets du CRT pour les prochains mois, voire années ?
Sylvain Connangle : Le premier axe de travail est évidemment de continuer à installer le CRT dans le paysage territorial avec, pourquoi pas, un élargissement de son champ au-delà des 30 personnes actuellement accompagnées, ou un renforcement de son équipe suivant les besoins. À l’avenir je souhaiterais aussi pouvoir ouvrir le CRT au secteur du handicap. Cette idée n’en est qu’au stade théorique, mais une telle diversification aurait du sens, eu égard à notre expertise pour apporter un accompagnement adapté. Cela s’inscrirait aussi dans la volonté de notre équipe d’être toujours plus innovante pour apporter de nouveaux services aux habitants et aux acteurs du territoire.
> Article paru dans Ehpadia #37, édition d'octobre 2024, à lire ici